jeudi 21 octobre 2010

Mardi, 19 octobre

Départ à 7h ce matin pour aller visiter les Hauts barrages d’Assouan, le troisième plus gros barrage au monde après celui du Mexique et de la Chine. Il a été construit par les Anglais et inauguré en 1971. Il mesure 3600 mètres de long, 980 mètres de largeur à la base et 42 mètres au sommet et 111 mètres de haut. Il contient 42 millions de mètres cubes de pierre (soit 17 fois plus que la pyramide de Khéops). Il a donné du travail à 35 000 personnes, mais 431 sont décédées durant les travaux. Le barrage contient 180 ouvertures pour le passage de l’eau pour la production d’électricité. Il fournit environ 11% de toute l’électricité de l’Egypte. Sa construction a cependant apporté quelques désavantages. Il y avait autrefois beaucoup de limon dans le Nil qui se transformait en engrais chimique sur les terres des paysans, ce qui n’est plus le cas aujourd'hui. De plus, il n’y a pratiquement plus de poissons dans le Nil en bas du barrage, et plus de crocodiles non plus. Il paraît qu’il y en a par contre 20 000 dans le haut du barrage, soit dans le lac Nasser. Ce lac, conséquence du barrage, a aussi eu un effet sur les changements climatiques de la région. Cette grande étendue d’eau produit beaucoup d’humidité, même si l’air est généralement sec, et cette humidité nuit à la conservation des ruines.
Le barrage a par contre amélioré la stabilité du niveau du Nil et permet maintenant le passage de bateaux à fond plat, ce qui est très bon pour le tourisme. La preuve : nous sommes présentement sur l’un de ces bateaux.
L’Égypte compte une superficie de 1 million de kilomètres carrés, dont seulement 6% est habitée. L’autre 94%, c’est le désert! La population augmente très rapidement, on compte actuellement 84 millions d’habitants et on prévoit qu’il y en aura 150 millions en 2050.
Après le barrage, qui se trouve juste au début du désert, nous sommes revenus en ville et nous avons visité une fabrique d’essences de parfum. L’Egypte est l’un des principaux fournisseurs d’essence de parfum dans le monde, notamment pour l’Europe et les parfums connus : Calvin Klein, Chanel, Hugo Boss et autres grandes marques. Il y avait aussi un souffleur de verre qui fabriquait les petites bouteilles, rien en bas de 40 $. On a pu sniffer toutes sortes d’essences : menthe poivrée, eucalyptus, musc, fleur de lotus, etc. Intéressant, mais rien pour se tirer par terre…
En après-midi, il y avait une excursion facultative, la visite d’un village Nubien. Le peuple  Nubien est le peuple traditionnel de l’Egypte par sa façon de vivre et ses coutumes. On a aussi vu et traversé les terres des paysans qui vivent de l’agriculture. Il n’y a que 10% de palmiers et la plupart des arbres sont des manguiers. Un manguier peut rapporter 2000 $ par année au paysan, ce sont des gens assez en moyens, mais ils ne le démontrent pas. Pour eux, l’important n’est pas d’avoir la télé au plasma ou des vêtements griffés, ils sont plutôt portés à acheter d’autres animaux quand ils en ont les moyens.
On a vu comment ils parvenaient à puiser l’eau, avec une grande roue appelée « sekia ». Elle est actionnée par des vaches qui font tourner le manche en avançant. C’est une race particulière, des vaches intelligentes et très bien traitées. Deux tours de roue suffisent à produire un mètre cube d’eau.
On a traversé le petit village à pied et on s’est rendu dans une école. Les enfants vont à l’école seulement le matin, les classes se terminent vers 14h, alors il n’y avait personne. Les deux maîtresses d’école étaient à l’extérieur, dans la cour, et nous regardaient pendant que le guide nous donnait des explications. C’était drôle car elles se parlaient entre elles et riaient beaucoup. On avait vraiment l’impression qu’elles nous examinaient et passaient des commentaires soit sur nos habillements ou nos façons de faire, mais en tous cas, elles avaient l’air de rire de nous… Pas grave, ça nous faisait rire aussi…
George en a profité pour nous expliquer le système scolaire pendant qu’on s’était tous assis aux pupitres des enfants dans la petite classe. C’est une bonne idée, bon concept. Il donnait même des exemples en écrivant au tableau, ça faisait vraiment petite école.
En Egypte, l’école est obligatoire à 6 ans et il paraît que les élèves performent bien… c’est après que ça se gâtent. Si bien que 30% de la population est analphabète et 50% de la population a moins de 24 ans; c’est énorme. Le système d’éducation est basé sur le « par cœur » et les étudiants n’apprennent pas vraiment à faire de la logique, ils doivent tout apprendre par cœur. Ce qui expliquent qu’ils ont ensuite beaucoup de difficulté dans le concret et que ça ne fait pas nécessairement des bons travailleurs capables d’appliquer les notions apprises.
L’alphabet arabe est très difficile à maîtriser, beaucoup plus que le français, même s’il ne compte que 24 lettres. Il y a aussi des signes sous les lettres, un peu comme nous on en a au-dessus des lettres (les points sur les i, les barres sur les t ou les accents sur les a et les e). Mais contrairement à nous pour qui ces signes ne veulent rien dire, pour eux ces signes représentent également une conjugaison différente. Si bien que ça totalise environ 700 signes différents. De plus, les verbes se conjuguent différemment s’ils sont au masculin ou au féminin, de même que les pronoms : par exemple, le « tu » se conjuguent différemment s’il s’agit d’une femme ou d’un homme. Alors qui a dit que l’apprentissage du français était compliqué?...
Lorsqu’ils sont rendus à choisir l’université (faible pourcentage de gens qui se rendent là à cause des coûts élevés), le choix des matières est lié aux notes globales. Par exemple, la médecine peut exiger 97%, un autre domaine un autre pourcentage et ainsi de suite. Les gens n’ont donc pas vraiment le choix de se diriger dans le domaine qu’ils désirent, ils doivent y aller en fonction de leurs notes. Par conséquent, il y a beaucoup de cours de rattrapage qui sont donnés pour améliorer les notes, mais il semble qu’il y ait là aussi beaucoup de corruption, les professeurs donnant des notes basses pour pouvoir donner des cours de rattrapage. En Egypte, le coût consacré à des leçons particulières est d’environ 30 milliards de livres égyptiennes (on divise par 5 pour le $) par année.
Nous avons également appris l’origine des chiffres arabes, pourquoi ils s’écrivent comme on les connaît aujourd'hui. En fait, les chiffres qu’on écrit maintenant en rond devraient être écrits en angle : le chiffre 1 s’écrit avec la petite barre vers la gauche dans le haut, ce qui fait un angle. Le 2 devrait être écrit comme un Z, ce qui fait 2 angles. Et le 3, de la même façon, ce qui fait 3 angles. Ainsi de suite. C’était vraiment passionnant, ce cours d'écriture!
Après notre cours privé à la petite école, on est allé visiter une maison de « vrais » Nubiens. Ils nous ont laissés entrer dans les chambres, la cuisine et le salon. Et ils nous ont servi des gâteaux avec de la mélasse et avec un fromage de chèvre mélangé à des épices qui goûtaient un peu le fromage bleu. Avec un thé d’hibiscus; ça, c’est vraiment bon, je veux en rapporter pour faire goûter aux gens du Québec, on devrait s’arrêter dans une épicerie au cours des prochains jours.
Après la visite du village, il était près de 17h et on est monté sur une colline dans le désert pour voir le soleil qui se couchait sur une montagne de sable. C’était drôle car pour se rendre dans le haut de la montagne, avec nos jeeps Toyota, il y a 4-5 enfants du village qui sont montés sur le pare-choc arrière pour faire la promenade. Le chauffeur a eu beau leur crier de descendre, les petits gars (oui, tous des gars…) sont restés accrochés quand même et rigolaient. Ca roulait un peu vite, ils se faisaient brasser un peu, mais ils trouvaient ça drôle. Nous, on était assis dans la boîte du pick-up (8 ou 9 par véhicule). Belle promenade!
À cet endroit, le sable du désert était plutôt rougeâtre. C’est le désert lybique (du côté de la Lybie) puisqu’on est du côté est du Nil; de l’autre côté c’est le désert arabique (Arabie). J’ai ramassé une roche du désert, tout comme Don en avait ramassé une de la Vallée des Rois… chut, on ne le dit pas…  

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